Protéger les végétaux contre les bio-agresseurs tout en préservant l’environnement, c’est un des enjeux majeurs de l’agriculture d’aujourd’hui. Pour ce faire, les agriculteurs expérimentent diverses méthodes plus vertueuses, dont le biocontrôle. Ces pratiques utilisent des mécanismes naturels et reposent sur l’action d’agents vivants ou de produits issus du vivant.
Comme tous les produits phytopharmaceutiques, les produits de biocontrôle sont soumis à la règlementation européenne. Ils sont donc évalués sur leur efficacité, leur sélectivité, et leurs risques pour L’Homme et l’environnement. Une liste des produits de biocontrôle est diffusée mensuellement par la Direction Générale de l’alimentation.
Depuis quelques années, le biocontrôle connaît un essor important.
Il occupait 12 % du marché de la protection des plantes en 2021, dont une majorité représentée par le soufre, connu de tous pour lutter contre l’oïdium. Aujourd’hui, l’association française des entreprises de produits de biocontrôle vise plus de 30 % de part de marché à horizon 2030.
Le biocontrôle n’est pas nouveau. Contre le mildiou par exemple, huile essentielle d’orange douce et les phosphites sont déjà connus depuis longtemps. Mais le secteur est toujours innovant. De nouveaux produits, composés de bactéries, (encart texte de l’exemple : comme par exemple les Bacillus amyloliquefaciens ) sont homologuées mais pas encore commercialisées. De nouveaux produits sont régulièrement testés, mais il faut du temps pour alors appréhender leurs modes d’action.

Si certains produits luttent directement contre les bio agresseurs en ayant une action fongicide, d’autres vont plutôt stimuler les défenses des plantes contre ceux-ci.
Les plantes n’ont pas attendu les hommes pour se défendre face aux agents pathogènes !
Les plantes possèdent des défenses constitutives qui sont présentes en permanence, par exemple les poils urticants. Les plantes mobilisent également des défenses actives, lorsque la présence d’un bio-agresseur est détectée.
Levures, bactéries, champignons, chaque menace a son récepteur spécifique. Il en existe donc une multitude, un pour chaque type d’attaque et de bio-agresseurs. Lorsqu’une plante reconnaît l’agent responsable d’une maladie, elle va engendrer une série de réactions de défense. Certaines vont agir directement sur le lieu de l’agression, pendant que d’autres vont mettre toute la plante en alerte. Ce relai dans toute la plante peut être assuré par exemple par l’acide salicylique. Il va induire la production de différentes substances défensives, qui agiront directement sur le bio-agresseur. Mais l’attaque est parfois trop importante pour être contrée.
Stimuler la réaction immunitaire des plantes face aux agressions, c’est possible !
Dans certains cas, le stimulateur de défense mime efficacement l’agression par le pathogène. Les récepteurs de la vigne détectent cet élément extérieur et déclenchent une réaction de défense. Un peu comme un vaccin, la molécule prépare la plante à l’attaque du bio agresseur.
Dans d’autres cas, le produit stimulateur de défenses des plantes contient un des maillons de la chaîne de réactions de défenses de la vigne. Dans ce cas, c’est directement une molécule du métabolisme qui est appliquée sur la vigne, et la chaine de réaction de défense doit s’en retrouver stimulée.
Les stimulateurs de défenses sont uniquement des produits à action préventive, à positionner avant les potentielles attaques. Ils ne se substituent pas à un produit classique comme le cuivre ou le soufre. Ils permettent de réduire les doses en début de saison quand la pression reste faible à modérée. Les cadences doivent être resserrées pour maintenir l’état de résistance, et les produits renouvelés rapidement en cas de pluie. Ils restent encore assez difficiles à intégrer dans les calendriers de traitement, en raison notamment des résultats instables obtenus en expérimentation aux champs.

Finalement, le biocontrôle repose sur la gestion des équilibres des populations de ravageurs plutôt que sur leur éradication. Il peut être utilisé dans tous les modèles agricoles, aussi bien en agriculture conventionnelle que biologique. Mais certains produits de biocontrôle sont obtenus par voie de synthèse, même s’ils sont strictement identiques à la substance naturelle. Ainsi, être défini comme élément « biocontrôle » ne signifie pas forcément être utilisable en agriculture biologique !
Si le biocontrôle a de beaux jours devant lui, il nécessite une connaissance précise des modes d’action et un suivi des agents pathogènes. Ce type de solutions s’intègre donc plutôt dans une approche systémique des exploitations : il s’agit de combiner judicieusement plusieurs pratiques pour un résultat efficace et durable.