Agroforesterie : l’arbre source de fertilité from Miamedia TV on Vimeo.
L’agroforesterie désigne les pratiques, nouvelles ou historiques, associant arbres, cultures et-ou animaux sur une même parcelle agricole. Ces pratiques permettent une meilleure fertilité des sols, notamment par sa capacité à stocker en continu le carbone nécessaire aux cultures et à favoriser la présence de micro-organismes, véritables artisans de la fertilité des sols.
Augmenter le potentiel des sols en favorisant la vie
D’après « Arbres et paysages », un modèle agricole « positif », basé sur la logique du vivant et des interactions entre toutes les composantes de l’écosystème, est possible. On parle de produire 1,6 fois plus en France, alors que les rendements agricoles commençent à décliner. Avec un minimum d’intervention pour une moindre perturbation du milieu, un sol pourrait retrouver sa fertilité naturelle grâce à des pratiques de conservation et au génie végétal. Il s’agit de faire travailler au maximum les agents naturels dans leur grande diversité pour mobiliser les ressources disponibles sur place, nécessaires à une bonne productivité.
L’intensification des pratiques agricoles est passée par là. Tirés par des tracteurs toujours plus puissants, des outils retournent, cassent, écrasent la terre et éliminent les habitants qui s’y trouvent. Ce travail mécanique provoque la perte de matière organique, un faible niveau de populations d’organismes vigoureux et diversifiés. La contamination, la pollution et l’artificialisation des terres agricoles sont les autres grandes menaces à prendre en compte prioritairement.
Les artisans de la fertilité ont besoin des arbres
Les vers de terre :
Les vers de terre jouent un rôle majeur pour la libération et le recyclage des éléments nutritifs nécessaires aux plantes qui les nourriront en retour. Ils ingèrent et digèrent des débris végétaux en les mélangeant aux minéraux du sol (lombrimixage). Pour reprendre les termes de Marcel Bouché (Des vers de terre et des hommes, 2014), le lombrimix produit est une « brique anti-érosive » et également « une vache à lait » pour les plantes qui s’en nourrissent et les vers de terre.
Les bactéries et champignons
Ils contribuent aussi à la biodégradation de la matière organique, qu’il s’agisse de débris végétaux et animaux ou de l’humus.
Les champignons mycorhiziens
Dans la nature, les racines des plantes (pour environ 80 % d’entre elles) sont associées à des champignons à bénéfice réciproque. Ces associations sont appelées des mycorhizes. En échange de sucres et de vitamines qu’ils ne peuvent pas synthétiser, les champignons fournissent aux plantes de nombreux services. Les filaments très fins des mycorhizes peuvent être vus comme le prolongement des racines. Ils permettent une absorption de l’eau plus importante grâce à une plus grande force de succion et une captation du phosphore. Les mycorhizes contribuent également à la santé et à la vitalité des plantes en les protégeant des stress physiques, chimiques et biologiques.
Certaines pratiques culturales peuvent favoriser le travail des artisans de la fertilité. D’autres au contraire ont tendance à leur être défavorables : application d’une dose trop importante d’engrais azotés et de pesticides (fongicides surtout et herbicides par des effets néfastes plus indirects), sols laissés nus, travaillés…
Le bois favorise « l’agriculture du carbone »
Le bois est composé de lignite et de cellulose, deux éléments favorables à la fertilité des sols.
La lignine c’est ce qui confère à tous les végétaux une structure rigide, une barrière étanche contre l’eau et une protection contre la décomposition.
Le bois est une façon durable de stocker le dioxyde de carbone de l’air et de le convertir en « matière fertile ». Les branches et racines mortes, comme d’autres amendements organiques, aideront à augmenter l’activité biologique, améliorer la structure et maintenir, voire augmenter l’humus des sols.
La cellulose des tiges et des branches coupées est une nourriture très appréciée par les vers de terre et autres « ingénieurs du sol ». Une fois morts, les végétaux qui contiennent de la lignine se décomposent très lentement : une brindille ou une feuille de chêne peuvent mettre plusieurs années. En raison de sa complexité chimique, la lignine est en effet difficilement digérée par les micro-organismes, à l’exception de certains champignons (tels que les champignons de la pourriture blanche) qui la dégradent en présence d’oxygène. Cette décomposition lente des matières ligneuses permet de stabiliser le carbone qu’elles apportent au sol sous une forme organique. Le carbone organique ainsi stocké dans le sol se minéralisant au fil des années, on peut considérer l’humus comme une réserve de nutriments pour la plante.